Maurizio Cattelan, né à Padoue en 1960, est un acteur majeur de l’art contemporain, connu pour son irrévérence et sa dérision. Ses œuvres spectaculaires et provocantes, dont “Comedian”, une banane scotchée, et “Him”, une sculpture controversée d’Hitler, suscitent d’innombrables débats. Installé entre New York et Milan, ce créateur énigmatique continue de défier les conventions artistiques.

Biographie de l’artiste

Naissance et débuts à Padoue

Maurizio Cattelan voit le jour le 21 septembre 1960 à Padoue, une ville du Nord de l’Italie. Il est issu d’une famille modeste, son père Paolo officiant comme chauffeur de poids lourds et sa mère Pierina occupant le poste de femme de ménage. Malgré ces origines humbles, le jeune Cattelan fait preuve très tôt d’un attrait pour l’art et la création.

Durant son adolescence, il se familiarise avec le contexte culturel riche de Padoue, une ville qui se distingue par un fort héritage littéraire et artistique. Il n’a pas l’opportunité de fréquenter les bancs d’une académie d’art, mais cela ne l’empêche pas de s’initier de manière autodidacte aux différentes facettes du monde artistique.

À l’aube des années 1980, Cattelan commence à travailler à Milan dans le domaine du design. Ces premières expériences lui permettent d’affiner son regard et de développer son sens de la dérision, qui deviendra une caractéristique marquante de son œuvre future.

Milan : les premières expositions

À Milan, Cattelan fait ses premiers pas dans le monde de l’exposition. Ses œuvres sont accueillies dans des lieux prestigieux tels que le Pirelli HangarBicocca et le siège Massimo De Carlo. En 2021, il présente “Breath Ghosts Blind”, une exposition personnelle qui explore le cycle de la vie. Organisée par Vicente Todolí et Roberta Tenconi, elle dévoile des œuvres inédites, dont une sculpture en marbre blanc de Carrare représentant un homme et un chien en position fœtale.

Parmi ses expositions les plus marquantes figure aussi celle organisée au Palazzo Reale, où il installe une œuvre provocante : “L.O.V.E.”, un doigt d’honneur en marbre de 11 mètres de haut face à la Bourse.

Le parcours artistique à New York

Maurizio Cattelan s’établit définitivement à New York au début des années 1990, affinant sa pratique artistique dans la ville qui ne dort jamais. Il y développe son goût pour le paradoxe et la provocation, une approche qui lui vaut une reconnaissance croissante dans le domaine de l’art contemporain. Ses œuvres se font remarquer pour leur critique acerbe de l’idéologie, qu’elle soit politique ou religieuse, et sa manière audacieuse d’aborder des sujets tabous.

C’est dans cette ville que Cattelan présente certaines de ses œuvres les plus marquantes, comme la célèbre “America”, une toilette recouverte d’or 18 carats, exposée pour la première fois au musée Guggenheim. Il fait également des vagues avec “The Comedian”, une banane scotchée à un mur, qui devient l’une des œuvres les plus discutées de l’art contemporain. Ces œuvres reflètent la capacité de Cattelan à capturer l’attention du public et à susciter le débat.

Durant ces années, il collabore étroitement avec le conservateur Francesco Bonami, qui organise la première présentation solo de ses nouvelles œuvres à New York en plus de vingt ans. Cette exposition marque un tournant dans la carrière de Cattelan, l’établissant comme une figure majeure de la scène artistique new-yorkaise.

New York se révèle être un terrain fertile pour l’artiste italien. Sa présence dans la ville lui permet d’explorer de nouvelles approches et de repousser les limites de son art.

L’artiste et ses œuvres majeures

Le sens derrière l’œuvre “Him”

“Him”, œuvre de Maurizio Cattelan, a suscité une réaction vive et diverse du public. Elle représente Adolf Hitler, figure emblématique de l’horreur du XXe siècle, agenouillé en prière. L’ambiguïté de cette œuvre, entre la vulnérabilité apparente de la figure représentée et la connaissance de son identité réelle, incite à une réflexion profonde sur l’humanité et l’inhumanité. La sculpture est délibérément placée pour être vue de dos, forçant le spectateur à la contourner pour découvrir l’identité du personnage. Cette mise en scène accentue la surprise et le choc.

Comprendre l’œuvre “Love”

L’œuvre “L.O.V.E” de Maurizio Cattelan, souvent appelée “Le Doigt”, est une sculpture provocante située au cœur de Milan, face au siège de la Bourse. Cette sculpture en marbre blanc de Carrare, mesurant 11 mètres de haut, est constituée d’une main dont seule la majeure est dressée, dans un geste universellement connu. À travers cet acte de défi ouvert, Cattelan propose une critique acerbe du monde de la finance et invite à la réflexion sur les idéologies dominantes. Il utilise la mimesis, une stratégie artistique de représentation du réel, pour souligner l’effet pervers des images et questionner la notion de chef-d’œuvre.

“La Nona Ora” : une œuvre qui interpelle

“La Nona Ora”, création de Cattelan datant de 1999, est une sculpture grandeur nature de Jean-Paul II frappé par une météorite. Le titre, qui se traduit par “la neuvième heure”, renvoie au moment où le Christ, sur la croix, s’écrie : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?”.

L’oeuvre, qui a fait scandale lors de sa présentation, accentue l’image médiatisée du pape par ses expressions de souffrance. Réalisée avec l’aide de Daniel Druet, la sculpture reproduit avec minutie le visage, les mains et les drapés du pape.

Cette représentation du chef de l’Eglise catholique, symbole de la spiritualité, terrassé par une météorite, a été interprétée par certains comme une allégorie de la science destituant le dogme de la religion.

“O.V.E.” : l’expression de la dérision

L’œuvre “L.O.V.E.”, également appelée “Il dito” (“le doigt”), est une expression caractéristique de la dérision de Maurizio Cattelan. Érigée sur la Piazza degli Affari à Milan, face à la Bourse italienne, cette sculpture en marbre blanc représente une main dont tous les doigts ont été amputés, à l’exception du majeur.

L’artiste utilise cette main monumentale, mesurant 11 mètres de haut, pour exprimer une critique acerbe des stratégies économiques du capitalisme financier. La sculpture, qui s’inscrit dans le registre formel de l’art impérial romain, renforce l’idée d’une négation définitive et sans appel.

Cattelan présente “L.O.V.E.” comme une oeuvre contre les idéologies, passant du vocabulaire héroïque à la protestation populaire. Bien que l’oeuvre soit controversée, l’artiste soutient qu’elle ne pointe pas vers la Bourse, mais de celle-ci vers la ville, invitant ainsi à une interprétation plus large.

Des œuvres qui font scandale

Maurizio Cattelan a toujours eu le don de faire parler de lui à travers ses œuvres provocatrices et avant-gardistes. Ses créations, souvent marquées par une ironie mordante et une remise en question des normes sociales, ont suscité de nombreux scandales. Parmi elles, quelques-unes ont particulièrement marqué l’opinion publique.

• “Not Afraid of Love” : Cattelan représente ici un éléphant en taille réelle, drapé, comme un membre du Ku Klux Klan. Cette œuvre a suscité une vive controverse en raison de son caractère provocateur et de sa référence à un groupe raciste.
• “La Nona Ora” : L’artiste représente le Pape Jean-Paul II terrassé par une météorite. Cette sculpture a créé une polémique importante, notamment au sein de l’église catholique.
• “Him” : Cette œuvre, représentant un petit Adolf Hitler agenouillé en prière, a été exposée à Varsovie, en plein cœur de l’ancien ghetto juif, suscitant un scandale important.
• Rétrospective au Guggenheim : Pour cette exposition, Cattelan a suspendu toutes ses œuvres en désordre au milieu de la rotonde du musée, créant un effet de choc et de surprise.

Ces œuvres, parmi d’autres, ont confirmé le statut de Maurizio Cattelan comme une figure de proue de l’art contemporain, capable de susciter des débats passionnés et de bousculer les conventions.

L’artiste face à la controverse

Maurizio Cattelan est un artiste qui n’hésite pas à remettre en question les normes établies, ce qui l’a souvent placé au cœur de controverses. Ses œuvres audacieuses et parfois provocatrices ont suscité de vifs débats sur les questions de droit d’auteur et de plagiat.

En août 2024, l’artiste a été accusé par le sculpteur Daniel Druet de s’approprier son travail dans la réalisation de plusieurs de ses œuvres. Cela a conduit à une série de procès qui ont fait les gros titres des médias.

Par ailleurs, une autre controverse majeure a éclaté autour de son œuvre “Banana & Orange”, qui a fait l’objet d’accusations de plagiat de la part de l’artiste américain Joe Morford.

Cattelan est régulièrement critiqué pour son approche non conventionnelle de l’art, qui pose des questions sur la propriété intellectuelle et les limites de l’inspiration artistique.

Les expositions marquantes de Cattelan

L’exposition “All” au musée Guggenheim de New York

Présentée du 4 novembre 2011 au 22 janvier 2012, l’exposition “All” est la première rétrospective consacrée à l’œuvre de Maurizio Cattelan. Elle réunit plus de 130 œuvres réalisées depuis la fin des années 1980, empruntées à des collections privées et publiques du monde entier.

L’exposition est marquée par une disposition originale : les œuvres sont suspendues au plafond de la rotonde du musée, créant une impression de désordre et de surprise. Parmi elles, on retrouve des pièces emblématiques de l’artiste italien, telles que “La Nona Ora” ou “Him”.

L’intention de Cattelan, connu pour son esprit provocateur, est de présenter une vision d’ensemble de sa carrière, sans hiérarchie ni préférence. “All” se veut ainsi un reflet fidèle de l’approche non conventionnelle de l’artiste et de son refus des normes établies.

L’exposition a été saluée comme un événement majeur dans le parcours de Cattelan, confirmant son statut de figure importante de l’art contemporain.

La présence de Cattelan à la Bourse de Commerce à Paris

La présence de l’artiste italien Maurizio Cattelan à la Bourse de Commerce à Paris se fait notamment remarquer dans l’exposition « Le monde comme il va ». Cette exposition, organisée à partir du 20 mars 2024, présente exclusivement des œuvres de la Collection Pinault, dont fait partie Cattelan.

L’artiste se distingue par sa polyvalence: sculpteur, performeur, éditeur et programmateur, il s’est imposé grâce à une production dont les formes spectaculaires soulignent les contradictions de la société contemporaine. A la Bourse de Commerce, son œuvre emblématique « Others » est notamment mise en avant. Présentée pour la première fois par la Collection Pinault, elle est exposée sur la balustrade intérieure du troisième étage de la Bourse de Commerce, sous l’immense coupole.

Cattelan participe ainsi activement à la dynamique de la Bourse de Commerce et contribue à son rayonnement dans le monde de l’art contemporain.

L’impact de Cattelan sur l’art contemporain

Maurizio Cattelan a largement influencé l’art contemporain par son audace et sa capacité à remettre en question les normes établies.

• Il a démontré que l’art peut être un moyen puissant de susciter le débat et de défier les idées reçues.
• Son utilisation de l’humour et de l’ironie a ouvert de nouvelles voies d’expression pour les artistes contemporains.
• Il a également défié les conventions autour de ce qui peut être considéré comme de l’art, ce qui a élargi les frontières de l’art contemporain.

En bousculant les attentes du public, Cattelan a aussi modifié la façon dont l’art est perçu et apprécié, plaçant le spectateur au cœur de son œuvre. De plus, il a eu un impact significatif sur le marché de l’art, avec des œuvres qui atteignent des prix astronomiques. Son impact est tel que son nom est souvent associé à une forme de provocation dans le monde de l’art.

Cattelan et le cinéma : son film “Maurizio Has Left the Building”

Maurizio Cattelan a également fait une incursion dans le monde du cinéma avec son film intitulé “Maurizio Has Left the Building“. Cette réalisation audiovisuelle est en fait un documentaire qui retrace la rétrospective de l’exposition historique de Cattelan au Guggenheim New York.

Le film met en lumière l’ensemble de l’oeuvre de Cattelan, soit 128 travaux d’art, suspendus en désordre au milieu de la rotonde du musée. Cette disposition atypique crée un effet de surprise et de choc pour le spectateur, marquant ainsi la volonté de l’artiste de bousculer les conventions.

Le documentaire a été réalisé en collaboration avec le photographe italien Pierpaolo Ferrari, également co-créateur du magazine Toilet Paper avec Cattelan. L’ouvrage qui en découle est une documentation de l’exposition, illustrée par des photos d’installations et des dessins de Matteo Nuti.

Le film “Maurizio Has Left the Building” offre une vision complète et détaillée de la carrière de Cattelan, de ses débuts jusqu’à sa rétrospective au Guggenheim, faisant ainsi le lien entre l’art contemporain et le cinéma.

Les collaborations artistiques de Cattelan

Au cours de sa carrière, Maurizio Cattelan a collaboré avec divers artistes et institutions, explorant de nouvelles possibilités créatives.

Une de ses collaborations marquantes est celle avec le photographe Martin Parr et l’artiste Pierpaolo Ferrari pour le livre ToiletMartin PaperParr. Cette collaboration a permis de rassembler les images les plus emblématiques des archives des trois artistes.

Cattelan a également travaillé avec des marques de mode, comme Kenzo, pour des campagnes artistiques audacieuses.

Il a aussi mis en œuvre des projets en lien avec les galeristes, modifiant la dynamique traditionnelle du pouvoir entre l’artiste et le galeriste.

Enfin, notons sa collaboration avec la commissaire Chiara Parisi pour la scénographie d’une exposition centrée autour de trois de ses œuvres-phares.

La place de Cattelan dans l’art italien contemporain

Maurizio Cattelan occupe une position singulière dans l’art italien contemporain. Issu d’un milieu modeste, il a su se faire une place sur la scène artistique nationale et internationale par son audace créative et son humour décapant. Controversé et populaire, Cattelan est reconnu pour ses œuvres à forte charge symbolique qui interrogent le réel et ses représentations.

• Son travail est marqué par une ironie macabre et un goût pour la provoc, ce qui le distingue d’autres artistes de sa génération.
• Il a su se faire remarquer dès ses premières expositions, notamment à Arte Fiera, la plus ancienne foire d’art moderne et contemporain d’Italie.
• Ses œuvres, comme “La Nona Ora” ou “Him”, ont suscité de vives réactions, témoignant de sa capacité à interpeller le public et à provoquer le débat.
• Cattelan est aussi connu pour ses collaborations artistiques, comme avec le photographe Pierpaolo Ferrari, qui ont contribué à élargir son champ d’expression et à renouveler sa pratique.

Ces éléments confirment la place de Maurizio Cattelan comme une figure marquante et incontournable de l’art contemporain italien.

L’influence de Cattelan sur les jeunes artistes

Maurizio Cattelan exerce une influence certaine sur les jeunes artistes, notamment par sa capacité à repousser les limites de l’art contemporain. Sa vision décalée et son refus des conventions ont marqué toute une génération d’artistes.

C’est par la provocante audace de ses œuvres que Cattelan a ouvert la voie à une réflexion plus large sur le rôle de l’artiste et du spectateur. Il a ainsi contribué à la remise en cause des principes traditionnels de l’art, offrant aux jeunes artistes un nouveau champ d’exploration.

Son approche critique du monde de l’art, combinée à son humour noir, a permis à de jeunes artistes de s’approprier ces éléments pour créer des œuvres originales et dérangeantes. Par exemple, son engagement en tant que mécène et son soutien envers les jeunes artistes est une source d’inspiration, comme en témoigne son don de 30 000 euros à l’Académie de Carrare.

Enfin, le succès commercial de Cattelan témoigne de la possibilité de concilier une démarche artistique singulière avec une reconnaissance du marché de l’art, une perspective encouragée pour les nouveaux talents.

Les œuvres d’art les plus vendues de Cattelan

“Him” : une sculpture vendue à prix d’or

La sculpture “Him” de Maurizio Cattelan, créée en 2001, a été vendue pour une somme colossale. Elle représente Adolf Hitler, agenouillé en position de prière, une image troublante qui a suscité de vives réactions. Lors des enchères organisées par Christie’s à New York le 8 mai 2016, l’œuvre a été adjugée pour 17,189 millions de dollars (environ 15 millions d’euros), dépassant ainsi largement son estimation initiale, qui était située entre 10 et 15 millions de dollars. Cette vente a confirmé le statut de Cattelan comme l’un des artistes contemporains les plus côtés sur le marché de l’art.

La banane de Cattelan : une œuvre absurde et célèbre

La banane de Cattelan, officiellement intitulée “Comedian“, est une œuvre qui a créé un véritable tourbillon médiatique. Présentée lors de l’exposition d’art contemporain Art Basel à Miami Beach, elle consiste en une simple banane fixée au mur avec du ruban adhésif.

Cette œuvre, de par son absurdité assumée, a suscité un grand nombre de réactions, allant de l’étonnement à l’hilarité, en passant par l’indignation face à son prix de vente : 120 000 dollars. Cattelan a réussi à créer une œuvre qui, par sa simplicité, questionne la valeur que nous accordons aux objets, aux idées et à l’art lui-même.

Le destin de cette banane est devenu une part du folklore qui entoure l’œuvre : elle a été mangée par un artiste sud-coréen, affirmant avoir “faim”. Le propriétaire de l’œuvre a eu une réaction déroutante face à cet événement, témoignant de la nature éphémère et absurde de l’œuvre.

La banane de Cattelan, en dépit ou peut-être à cause de son absurdité, est devenue une des œuvres les plus célèbres et discutées de l’artiste.

Interprétations et critiques des œuvres de Cattelan

L’oeuvre de Maurizio Cattelan suscite souvent de vives réactions, qu’elles soient d’admiration, de rejet ou de perplexité. En effet, les interprétations de ses créations varient grandement, reflétant la complexité et l’ambiguïté de son travail.

Par exemple, son oeuvre “La Nona Ora” a été perçue comme une critique de la religion et du sacré. D’autres ont vu dans sa célèbre banane scotchée, une dénonciation de la surévaluation des œuvres d’art.

Les critiques ne sont pas en reste et oscillent entre louanges et détracteurs. Certaines voient en lui un génie de l’art contemporain, d’autres le considèrent comme un provocateur.

Quoi qu’il en soit, Cattelan continue d’interroger et de déranger, rappelant que l’art n’est pas là pour plaire, mais pour questionner et provoquer le débat.

Les techniques artistiques de Cattelan

La diversité des techniques utilisées par Maurizio Cattelan témoigne de sa volonté d’innover et de déconstruire les codes de l’art. Il utilise des matériaux divers, tels que la cire, le marbre et des animaux naturalisés pour créer des œuvres qui ont un fort impact visuel.

Cattelan joue aussi sur la ressemblance, voire la vraisemblance, entre réalité et fiction. Il utilise le réalisme et l’hyperréalisme pour créer des œuvres qui ressemblent à des personnes du monde réel, donnant ainsi une impression de très forte réalité.

Il va jusqu’à créer des situations chocs, qui donnent lieu à toutes sortes d’interprétations. Par exemple, dans son œuvre “La Nona Ora”, il met en scène une effigie en cire et grandeur nature du défunt pape Jean-Paul II terrassé par une météorite.

Cattelan est également connu pour ses œuvres performatives. Il utilise l’ironie et l’humour pour critiquer la société et ses normes. Dans ce cadre, il n’hésite pas à mettre en cause la religion et le sacré, ou à provoquer le scandale.

Enfin, Cattelan fait preuve d’audace et de créativité dans ses expositions. Il joue avec les espaces d’exposition, créant des situations inattendues et des environnements immersifs. Par exemple, il a réalisé un certain nombre de pièces à partir d’animaux naturalisés, créant ainsi des scénographies surprenantes.

Le style unique de Cattelan

L’humour et la provocation dans l’art de Cattelan

Maurizio Cattelan utilise l’humour et la provocation comme des outils puissants dans son art. Son style provocateur et humoristique est intrinsèquement lié à son désir de défier le statu quo artistique et social. L’ironie, souvent mordante et acerbe, est une constante dans son travail.

Cattelan crée des œuvres qui sont à la fois comiques et choquantes, comme “The Comedian”, une banane scotchée à un mur, qui a fait les manchettes du monde entier. Ses œuvres sont souvent basées sur le paradoxe et la citation, ce qui les rend à la fois familières et déconcertantes. Cette combinaison unique d’humour et de provocation a valu à Cattelan d’être souvent appelé le “Buster Keaton de l’art contemporain”.

Il utilise l’humour pour critiquer l’histoire, la société et la culture, suscitant des réflexions profondes chez les spectateurs. Cattelan n’hésite pas à flirter avec les limites de la perception et de la morale, créant ainsi des œuvres qui défient les attentes et provoquent des réactions.

En outre, ses œuvres sont souvent imprégnées d’une ironie macabre qui remet en question les normes et les attentes conventionnelles. Que ce soit en représentant des figures historiques controversées dans des situations comiques ou en parodiant les conventions de l’art et de la culture, Cattelan utilise l’humour comme une arme pour remettre en question les idées préconçues et provoquer la réflexion.

L’art de Cattelan est à la fois un miroir et un défi pour la société. Il utilise l’humour et la provocation pour critiquer les normes et les institutions établies, tout en proposant une nouvelle perspective sur le monde qui nous entoure.

L’irrévérence et la dérision comme signatures de Cattelan

L’irrévérence et la dérision sont indissociables du style de Cattelan. Il tourne en dérision non seulement les figures de pouvoir, mais aussi le monde de l’art lui-même. Son approche irrévérencieuse se manifeste par des pirouettes, des pieds de nez et des provocations fantasques. Il s’agit d’une stratégie délibérée pour tester les limites du système artistique et provoquer une réaction du public. L’exemple le plus frappant est peut-être “La Nona Ora”, où il représente le pape Jean-Paul II terrassé par une météorite, une image saisissante et grotesque qui s’inscrit parfaitement dans son travail irrévérencieux. Cattelan joue avec l’absurdité et l’ironie, transformant les symboles de pouvoir en objets de moquerie.